samedi 10 mai 2008

Les désespérances d'une refondation mauvaise (3)

Rêver le progrès

Fofana Mouramane, dans son livre « Rêver le progrès » avait affirmé, après avoir visité la Silicone Valley, que nous étions capables d’en réaliser, en Côte d’Ivoire. Il était jeune, et il croyait encore au rêve d’une Afrique et d’une Côte ambitieuses. Il a déchanté depuis !

Dans la Côte d’Ivoire de Gbagbo, seule la politique paye. Les dribles, feintes machiavéliques et autres tacles stupéfiants du nouveau monarque à ses adversaires politiques, sont considérés comme une marques de génie ! Un talent inouï de politicien ! Et même le respectable Laurent-Dona Fologo, ne se gène pas pour proclamer, superbe de ridicule : « Gbagbo est un don de Dieu ! ». Ce n’est plus de la mystification politique ; c’est un délit conceptuel. Un affreux rapt éthique !...

« Désolé, papa, mais je ne peux plus retourner en Afrique. La Côte d'Ivoire n'a rien à me proposer ». Je n'ai rien pu répondre à mon fils. Quelle réponse, d’ailleurs, lui donner, Denis ? Tragédie d'un père ! Désolation d’un enseignant vexé…

« La Côte d'Ivoire n'a rien à me proposer ! » Cette phrase continue de me tourmenter, Denis. Hier, sous Houphouët, tous ceux de ma génération, qui faisaient des études à l'étranger, étaient pressés de rentrer au pays en quittant, qui, la France, qui, l'Allemagne, les USA, le Japon, la Belgique, etc., pour venir travailler en Côte d'Ivoire, et se mettre au service du pays. Aujourd'hui, nos enfants nous disent : « (...) je ne veux plus retourner en Côte d'Ivoire. Mon pays n'a rien à me proposer »...

Et ils sont, ainsi, des milliers de jeunes, qui rêvent de se retrouver de l'autre côté de la mer. Les plus désespérés d'entre eux s'embarquent sur les pirogues de la mort, pour tenter de séduire la chance ou... la mort. En Europe. Parce que l'Afrique et ses roitelets du genre Gbagbo, Wade, Paul Biya..., parce que la Côte d'Ivoire de Gbagbo et ses chefs guerriers, ses Com zones, ses Com théâtres, ses dozos, ses rebelles repentis, ses malfrats politiques avides de sang juvéniles pour asseoir des pouvoirs démoniaques et incompétents, n'ont rien à offrir à leurs jeunesses. Rien d’autre que l’amertume pour les idéalistes déçus, la menace d’un infarctus, des conteneurs d’alcool pour ‘‘idiotiser’’ les jeunes, la bible pour les paradis artificiels, et l’art de la reptation indigne, pour les caméléons politiques, uniquement soucieux de… faire bouillir leurs marmites grosses comme des chaudrons du diable !

En Côte d'Ivoire, précisément, rien d’autres que de l'argent facile, en récompense au militantisme politique : villas, gardes de corps, comptes en banques, véhicules, chauffeurs, etc., sont immédiatement assurés à de petits vauriens, incultes, tricheurs et assassins de bas étages ; tous, camouflés sous les manteaux de ‘‘Patriotes’’, de ‘’Rebelles’’, ou de ‘‘défenseurs de la légalité républicaine’’ ! Des mots, rien que des mots vilains, vides et suspects, pour maquiller la médiocrité et la soif de grandeurs malsaines qui ruinent leurs âmes...

J'ai rencontré, à San Francisco, une communauté d'Ivoiriens. Elle m'y avait invité pour un débat sur « La crise, la société ivoirienne, et le Néo-houphouétisme ». Elle a profité de cette occasion pour vous transmettre, à toi et tes collaborateurs de Le Nouveau Réveil, ses encouragements, pour le noble combat que vous menez. Ce débat s'est tenu sur l'initiative d'Adoubou Traoré, un condisciple du Lycée moderne de Korhogo. C'est un garçon brillant. Il fut le major de notre promotion...

Tous ceux qui étaient de cette rencontre, étaient des gens bien placés à San Francisco. Ils travaillent, tous, dans de grosses structures. Et ils se suffisent. Ce sont, tous, des cadres ivoiriens, brillants et sollicités aux USA, par de respectables boîtes américaines. Adoubou Traoré (alias Tom — pour les amis), est Directeur exécutif d'un Centre qui s'occupe des Immigrés et des Réfugiés politiques de tous pays. Il rencontre des personnalités importantes de la ville de San Francisco. Il m'a fait la proposition (une plaisanterie sans doute, entre amis de longue date) de m'inscrire sur la liste de ‘‘ses réfugiés’’ ! Je lui ai dit : « Merci, pour ta gentillesse. Mais je ne peux pas quitter la Côte d'Ivoire et abandonner, comme cela, le combat que nous y menons contre l'incurie du régime de Gbagbo »...

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