dimanche 6 avril 2008

Alfred Tchétché cité dans un putsch contre Gbagbo (2)

Diffamations, montages : talents d’une presse assassine

J’ai fait ces rappels à dessein, pour souligner le danger, tout le danger qui pèse sur ce pays, et que Bernard Zadi avait perçu depuis les années 1980 : la Grande menace1 pour les Ivoiriens, que représenterait ce régime dont il avait détecté la propension à l’autoritarisme outrancier et répressif, ainsi que les prédispositions au stalinisme dangereux — qu’il a d’ailleurs affichées au cours des années 1990 : le populisme de la refondation est d’abord et avant tout, une arme du crime savamment préparée. Et les rédactions des journaux bleus sont pourvues de ces mains assassines de deuxième degré. Mais il est temps de revenir au cas Tchétché.

Comme je le disais, je connais Alfred Tchétché. Les agents secrets et autres barbouzes qui signent dans les journaux bleus et à Fraternité Matin, diront sans doute que c’est une preuve supplémentaire de ce qu’il est effectivement, un conspirateur ! Qu’à cela ne tienne, je connais Alfred Tchétché. C’est un brillant homme de lettres, un monsieur cultivé qui vous parle avec aisance de Montaigne, de Sophocle, Senghor, Salvador Dali, Lautréamont, Karl Popper, Simone de Beauvoir, Mao, Tima Gbaï, Césaire, Lénine, Breton... Sa conversation est brillante, et plaisante est son commerce. A Yamoussoukro où il professe, Alfred travaille beaucoup à la promotion des Lettres et des arts, assume une présence remarquable au sein de l’Alliance française. C’est, au total, un intellectuel aimé de nombreuses personnes. Mais ce n’est pas cela qui justifie les lignes que je rédige ici à son attention. Alfred Tchétché est (chose renversante) un… admirateur de Gbagbo ! Et oui !!!

Témoignage. Ma dernière rencontre avec lui à Yamoussoukro, date de l’année dernière. Alfred (qui m’avait invité à manger) s’en était pris à moi parce qu’il avait estimé que j’étais trop sévère envers Gbagbo. En même temps qu’il était lui-même dur envers le système en général, il savait, à chaque fois, trouver les mots d’excuse pour justifier tels manquements graves du chef de l’Etat. En tout et pour tout, il fut d’une telle complaisance (qui m’écoeurait) quand il s’agissait de Gbagbo, qu’il avait commencé à m’énerver ; et il m’énerva en effet, surtout lorsqu’il se proposa d’entreprendre des démarches pour me réconcilier avec le chef de l’Etat et qu’il tenta (désastre !) d’obtenir de moi, la promesse de ne plus écrire d’articles critiques sur Gbagbo. Quand je le quittais pour regagner Abidjan, j’étais un peu mécontent de lui. Et depuis, j’ai mis un peu de distances dans nos relations...

On peut donc comprendre, outre la surprise, l’indignation que j’ai ressenties quand j’ai lu, dans cet article, que le nom d’Alfred Tchétché (que Laurent Gbagbo connaît) a été cité dans un journal de couleur bleue, comme faisant partie d’un groupes de conspirateurs qui veulent attenter à la vie du chef de l’Etat ! Et j’ai eu peur : enfin…, où allons-nous ? Que signifie cette vilaine presse qui voit des ennemis de Gbagbo partout ? Alfred Tchétché, conspirer contre Gbagbo ? Allons, allons, de quoi me parle-t-on ? « On est où là ? », comme dirait l’Ivoirien taquin.

L’accusation portée contre cet homme résonne à mes oreilles comme une menace sur la tête des intelligences libres de ce pays. Comme tout homme réellement cultivé, Alfred Tchétché n’est pas de la race de diplômés qui se censure, pour faire plaisir aux Princes. Alfred a l’habitude d’exprimer librement ses opinions. Et je devine, d’ici, le traquenard dans lequel il a dû se retrouver, un soir de gaie compagnie au milieu de gens qu’il ne connaissait pas, tous : il a sans doute émis un point de vue réservé ou critique sur un acte posé par Gbagbo-le-chef-divin-qui-poursuit-le-combat-de-Moïse ! Et cela a suffi pour qu’il soit cité au nombre des conspirateurs. Alfred Tchétché putschiste ? Mon œil ! Refondateurs et autres mains criminelles de ce régime, ne touchez surtout pas à Alfred Tchétché. Ne le touchez pas !

Note
1 - Titre d’un merveilleux film, avec comme acteur principal, Richard Burton.

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Tiburce

Tu est et demeure l'un de mes meilleurs enseignants. Tu etais mon prof de francais au LTA en 1996-1997 ou 1998. Mon nom: Ton meilleur eleve. Cependant, j'ai un conseil: reste ce bon enseignant du peuple, ce bon critique, cet intellectuel de haut rang qui venait donner les cours sans documents en 1ere E au LTA. Au nom de DIEU ne vend pas ton ame. Reste ce critique de nos vie misereuses d'Afrique et tu en sortiras que dis-je grandis. Excuses-moi pour mon francais, je suis americanize maintenant.
Rene