Il n’était plus du commun des mortels ; son nom et son œuvre étaient aux envergures du monumental ; et cela était juste car Césaire était le plus authentique d’entre les poètes du vingtième siècle, celui qui avait le plus compris que la poésie, la vraie, naît de la démesure du discours. Il disait d’ailleurs que « La connaissance poétique est celle où l’homme éclabousse l’objet de toutes ces richesse mobilisées ».
Pour le monde noir, pour les écrivains du monde entier, la disparition de cet homme sera (elle l’est même déjà) une date historique, un majestueux point d’orgue à observer, en hommage à celui-là qui, de toutes les consciences politiques et intellectuelles de sa génération et de son temps, était celui qui avait le plus mobilisé de l’énergie pour la défense des opprimés, et exprimé sa passion pour sa race — la race noire…
Aimé Césaire est mort à 94 ans ! Près d’un siècle de vie consacre donc son parcours terrestre. C’est un privilège des Dieux. Et les négro africains ont raison de ne pas pleurer les patriarches : à cet âge-là, on ne meurt plus, à vrai dire ; on se repose. Car comme disent les chrétiens : « L’œuvre est terminée /Du grand repos, l’heure a enfin sonné »…
Merci, grand maître, de nous avoir appris, passant dessus la Martinique et toutes ces « Antilles qui ont faim, ces Antilles dynamitées d’alcool et crevées de petites véroles » (‘‘Le Cahier…’)’, le chemin initiatique qui mène au verbe fécondateur, au verbe beau, fort et juste. Et nous continuerons d’interroger les signes qui parsèment cet énigmatique « petit matin », et nous redirons le rêve de Christophe face au défi de « l’industrie de la pierre » et à cette incompréhensible indolence de
Aimé Césaire est décédé. Vive le poète ! Et que se prolonge la fête du mot magique qu’il avait si bien ouverte !
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Note :
1 / La fôhoun (en baoulé). Dors en paix !
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