lundi 14 avril 2008

L'agression policière contre Laurent Pokou (2)

La complicité du pouvoir

Qu’est-ce qui autorise des policiers à se servir de pneus (d’ailleurs usagés), de briques, de bois, et de seaux d’eau pour barrer une route, faire descendre de véhicule des conducteurs et des passagers, sous prétexte de contrôles policiers ? Qu’est-ce qui empêche le chef de l’Etat de faire une déclaration officielle, intimant l’ORDRE aux forces de l’ordre, de ne plus poser de telles barrières (sales, désordonnées, antirépublicaines2) sur les routes, sauf en cas d’alerte ? Et sous peine de sanctions (avertissements, blâmes, dégradation et radiation) ? Qu’est-ce qui l’empêche de le faire, sinon la méconnaissance de ses devoirs de chef de l’Etat ? Si M. Gbagbo et ses refondateurs savaient ce qu’était l’Etat, ils sauraient que chaque bavure policière, chaque inconfort que nous crée notre police (dont aucun citoyen ivoirien n’est content), chaque personne tuée par notre police agressive, assassine et friponne, porte les marques de leurs responsabilités de dirigeants et plus encore, celle du chef de l’Etat.

Mais il y a longtemps que M. Gbagbo et ses refondateurs nous ont prouvé que diriger un Etat est une chose trop difficile pour eux. Aidons-les à ne plus faire cette corvée, en accélérant leurs départs du Palais présidentiel et des autres locaux étatiques qu’ils occupent indûment. Relisez « Paroles d’honneur » de Simone Gbagbo. Vous y verrez un hommage qu’elle rend aux Forces de l’ordre de notre pays ! Les refondateurs sont les seuls en Côte d’Ivoire à être satisfaits de nos policiers…

Non, ce qui est arrivé à Laurent Pokou est évidemment grave. De la gravité de ces choses qui vous emmènent à méditer sur le sort de ceux qui devaient être considérés comme des modèles dans ce pays, mais qui sont conspués, humiliés, menacés d’être ‘‘braisés’’ — un de leurs vilains mots. Pokou a même affirmé qu’un des policiers a dit qu’il allait « en finir avec » lui. Et il aurait pu le faire. Tranquillement. Et il serait encore en liberté. Tranquillement. Jean Hélène a été tué. Guy-André Kieffer l’a été. Le policier qui a tué Jean Hélène est en liberté, et j’ai ouï dire qu’il avait eu de la promotion !!!

Il est vrai que l’acte de ce policier n’a pas été prémédité ; mais cet agent de l’Etat ne peut pas affirmer qu’il ne sait pas qui est Laurent Pokou. Ce serait un affreux mensonge : on vient à peine de finir la CAN. Et, comme à toutes CAN, le nom et la photo de Laurent Pokou sont revenus dans les commentaires des journalistes (radio, télés, presse écrite) ; ses exploits ont été cités, des interviews lui ont été faites. Certes, la télé ivoirienne n’a pas jugé utile de nous montrer des images des buts de ce footballeur de légende (les Français en possèdent de lui – mais pas la télévision ivoirienne ; ce serait trop en demander à la RTI de Gbagbo et Soro) ; mais les journaux écrits ont abondamment parlé de Pokou. Or, selon ce que j’ai entendu, ils étaient quatre policiers sur les lieux du crime — Oui, c’est un crime. Et il est inimaginable qu’aucun d’entre eux n’ait pu mesurer la portée de l’acte qu’ils étaient en train de commettre sur cette figure de légende. Ces policiers savaient qui est ce monsieur Laurent Pokou. Mais cette référence ne leur a pas suffi pour s’empêcher de faire subir à cette figure respectable en Côte d’Ivoire, le sort que nous savons. Ces policiers n’auraient pas fait cela à Serge Kassy, ni à DJ Kaloudji, ni à… Wattao ou un des héros loufoques de ladite « galaxie patriotique » — les idoles des cerveaux de demeurés d’une société en pleine perte de valeurs référentielles !

Post-scriptum : Tiburce Koffi est coauteur, avec un Breton du nom de Jean-Yves Augel, d’une biographie en voie d’écriture, sur « Laurent Pokou, le buteur magique », (titre provisoire).

Note:
2/ Ces pneus usagés, ces récipients, ces morceaux de bois, ne peuvent être des moyens administratifs et légaux de travail.

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