jeudi 20 mars 2008

Crise ivoirienne (1) : Accord de Ouaga, redéploiement - Les contre vérités et inélégances de Gbagbo

Comme a son habitude, le chef de l’Etat Laurent Gbagbo (que l’on pourrait vraiment appeler, désormais, Kuma fatchê « père de la parole » tant il aime parler, s’entendre, se voir à la télévision, dans les journaux, goûter au plaisir de s’entendre à la radio), s’est fait interviewer par la RTI (1). En voilà aussi une autre de nos institutions que l’on pourrait dénommer RTG-S (Radio Télévison Gbagbo-Soro), tant elle s’est inféodée au pouvoir. Une interview de plus donc pour dire… quoi ? Pour parler du merveilleux tandem Gbagbo-Soro, des liens avec l’ami Blaise Compaoré (devenu subitement plus que fréquentable), du rôle de gardien de notre Constitution pour laquelle il (Gbagbo) se bat ; parler de l’Etat, de la vie des Ivoiriens, leurs libertés, les avancées de l’Accord de Ouga, etc. Des discours, des discours. Des parlotes comme dirait Sony Labou Tansi.

Bref, les propos tenus par le chef de l’Exécutif ivoirien m’ont paru loin, très loin de refléter la réalité des faits. Aussi me suis donné la permission d’éclairer les Ivoiriens sur les faiblesses et lacunes de cette énième sortie médiatique malheureuse du chef de l’Etat ivoirien dont les dérapages langagiers sont devenus sujets de blague dans notre pays et à l’extérieur. Suivons progressivement ses propos et démasquons-les.

A propos de l’Etat en tant qu’institution, il dit ceci : « (…) je suis agacé par des commentaires de gens qui ne savent pas comment on gère un Etat. Je crois que la plus grande chose que j’ai faite depuis le 26 octobre 2002 que je suis au pouvoir, a été de défendre la République, l’Etat, les institutions de l’Etat. Aujourd’hui, nous sortons de la crise. Visiblement, nous voyons que l’Etat existe et que les institutions de l’Etat existent. (…) c’est ma plus grande victoire (…) j’en suis fier. Je suis fier d’avoir combattu pour que l’Etat de Côte d’Ivoire existe et qu’il ne soit pas à terre »…

A lire de tels propos, on tombe à la renverse. Mais qui donc a fait croire à M. Gbagbo que dès qu’un pays est en guerre, l’Etat n’existe plus ? Israël a été créé dans la guerre, et vit toujours dans la guerre. L’Etat d’Israël existe bel et bien. Les 27 années de guerre civile n’ont pas fait disparaître l’Etat d’Angola. La question donc n’est pas que l’Etat existe ; mais de savoir dans quel état se trouve l’Etat. M. Gbagbo répond déjà à cette question : « Je suis fier d’avoir combattu pour que l’Etat de Côte d’Ivoire existe et qu’il ne soit pas à terre. J’en suis très fier. »

Je suis certain que M. Gbagbo ne parle pas sérieusement ; car si tel n’était pas le cas, il faudrait alors s’inquiéter de la compréhension qu’il a du concept de l’Etat. N’hésitons pas à l’instruire un tant soit peu sur la question.

Non, M. Gbagbo, l’Etat de Côte d’Ivoire est bel et bien à terre depuis des années, sous votre règne surtout. Voulez-vous savoir comment cela se manifeste-il ? Nous allons vous le dire.

Note :
1/ Fraternité Matin du 14 mars 2008
. Retransmission de l’interview de Laurent Gbagbo à Mama, son village natal, dans le cadre de l’émission télévisée “Le plateau de l’intégration africaine”. Propos recueillis par Paulin N. Zobo, Pascal Soro et Emmanuel Kouassi.

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