samedi 29 mars 2008

Les ambitions politiques de Soro

REACTION DE TIBURCE KOFFI A L’INTERVIEW DE SORO GUILLAUME (5)

M. Soro nous dit : « S’il y quelqu’un qui veut que les élections se tiennent au plus vite, c’est moi. L’accord de Ouaga m’interdisant d’être candidat, j’ai hâte d’être au lendemain du scrutin pour pouvoir enfin exprimer mes ambitions pour mon pays (…) Vivement les élections qui vont clore un cycle politique et ouvrir la voie à de nouvelles générations ». Ces propos montrent clairement les insuffisances théoriques de M. Soro dans la lecture de sa propre trajectoire et de l’histoire politique d’un pays. Il croit, en effet, qu’il appartient à la génération future d’hommes politiques ivoiriens, porteurs d’espérances nouvelles et nourries d’utopies originales. Il ne sait pas qu’en réalité, selon les lois de la dialectique, et sur le plan historique, il appartient à la génération présente de politiciens enragés et ravageurs qui ont porté le deuil au cœur de la Côte d’Ivoire, et dont les Ivoiriens ne veulent plus. Il croit, tout naïvement, que l’âge biologique se confond avec l’âge politique.

Nous avons le droit et surtout le devoir d’instruire l’élève et le cadet sur ces choses précieuses et subtiles qui ont (inévitablement) échappé à sa jeune sapience. Non, M. Guillaume Soro Kigbafory, vous n’appartenez plus à une nouvelle génération d’hommes politiques ivoiriens. En réalité, sur le plan politique, vous êtes contemporains de Gbagbo, Bédié, Charles Blé Goudé, Ouattara, Mme Diabaté. Vous appartenez déjà à un âge politique qui (et là, je l’admets avec vous) est dépassé, et dont les Ivoiriens ne veulent plus : l’âge des ostrogoths politicus… ivoiriens.

La contemporanéité dont je parle ici n’est pas biologique ; elle est psycho mentale et historique. Lorsque vous aurez le temps de vous instruire un tout petit peu les lois de la dialectique, vous comprendrez cela : votre champ de conscience historique est en réalité le même que celui de Gbagbo, Bongo, Ouattara, Mugabé, Biya, Blé Goudé et autres. Le fait même que vous soyez (et que vous ayez été) le filleul de chacune de ses personnalités politiques est, à cet égard, significatif ; mais c’est encore plus significatif que ces personnalités-là, soient vos modèles. A votre âge biologique ! Avant même l’âge de 30 ans – car il y a longtemps que vous conspirez contre les régimes de ce pays !

Non, M. le Premier ministre, on ne peut pas n’être âgé que de 36 ans, prétendre être révolutionnaire, et prendre comme modèles d’hommes politiques Bongo, Biya, Compaoré, Wade ! En théorie, c’est incompatible avec votre âge biologique. Comme diraient les Ivoiriens avec leur sens inégalable de l’humour : « C’est une combinaison qui ne marche pas. » Or, avec vous, cette combinaison a marché. Parce que vous êtes déjà vieux dans la tête et l’âme. Comme eux.

Ces gens (Bongo, Biya, Compaoré) ont falsifié les constitutions de leurs pays, fait tuer des êtres chers et intimes, des contestataires pacifiques, pillé leurs pays et assis des empires financiers scandaleux en Europe, pendant que leurs peuples baignent dans le manque. Ils ne sont encore au pouvoir que grâce à la redoutable françafrique, car leurs peuples ne les aiment pas/plus. Ils n’incarnent actuellement aucun avenir pour leurs peuples, moins encore pour l’Afrique. Ils n’inspirent aucun futur, aucune utopie charmante, et leurs jeunesses et leurs oppositions ne les aiment pas. Comment faites-vous pour les idolâtrer, vous si jeunes, vous qui êtes à un âge biologique où on doit rêver et rechercher la pureté de l’âme et de l’esprit ? La réponse est simple : parce que vous êtes déjà un dirigeant vieux. Un dinosaure ! M. Soro, si ces gens-là vous aiment (et vous êtes vraiment le seul à croire en cet amour), c’est parce que vous symbolisez une part d’eux…

Voilà donc votre univers mental M. Soro. Voilà les bornes de votre champ de conscience. Et vous croyez les Ivoiriens fous, très fous, véritablement fous, au point de laisser les gens de votre faune politique prospérer davantage dans leurs quotidiens ? Vous croyez que ce pays n’a pas produit de jeunes technocrates, sérieux, compétents, productifs, performants, habités de rêves salubres et salutaires pour un pays comme le nôtre à la recherche de sa grandeur et sa légende perdues ? De jeunes cadres dignes de prendre les commandes de l’Exécutif ? Si, monsieur Soro : ce pays a produit des cadres sérieux pour le sortir du gouffre où vous et vos partenaires et adversaires impossibles l’avez enfoncé. Et ils sont nombreux, plus nombreux que vous ne le croyez.

Vous vous trompez donc si vous croyez que nous allons laisser notre pays tomber entre les mains d’étudiants non suffisamment instruits, violents, destructeurs, qui sont devenus riches par la violence, sans avoir jamais travailler pour gagner leurs vies. Vous vous trompez, si vous croyez que, après la grave erreur que nous avons commise de porter un certain Gbagbo Laurent au pouvoir, les Ivoiriens vont vous laisser, vous et votre générations de militants de la violence, héritiers directs de ce même Gbagbo lui-même apôtre révélé de la violence, de la ruse et du ‘‘mal-in’’, prendre ce pays... pour le piller encore !

Je sais sur quoi vous comptez pour réaliser vos ambitions présidentialistes : vos richesses accumulées au cours de vos pérégrinations hallucinantes et effroyables ! Mais sachez que l’argent — surtout quand il a été mal acquis comme le vôtre — ne peut pas donner accès à tout. Et je puis vous dire ceci : la Côte d’Ivoire de Gbagbo et ses milices, de Soro et ses dozos, finira nécessairement. Votre Côte d’Ivoire du tourment et des milles et une intrigues politiques à dénouer — quand le peuple végète dans la misère et l’insalubrité mythologique des écuries d’Augias — aura une fin. Enfin mon dernier conseil : cherchez à vous repentir pour tout le mal que vous et vos adversaires et partenaires avez fait à cette terre de Côte d’Ivoire, avant de songer à en devenir un jour le chef. C‘est un conseil d’Initié aux choses de l’ombre. Si vous ne suivez pas ce conseil, jeune homme, vous finirez mal, je vous le dis. Très mal.


De Paris, et en lutte pour la libération et la renaissance de mon pays…

Tiburce Koffi

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Professeur ! Votre combat est connu. Vous apportez dans vos écrits matière à ceux qui, demain, auront la Tâche d'écrire l'histoire de Cote d'Ivoire... Gbagbo et Soro ont écrits... Ils ont publiés... Ils ont signés...Impossible pour eux d'échapper à leur destin : une fin sans gloire ni prestige... Menteurs et comploteurs associés qui ont revendiqué des titres de Président et chef de rébellion en toute responsabilité proclamée. Pensent-t-ils que la proclamation échappe à la responsabilité historique de tous les morts, blessés et défigurés de cette odieuse crise ?... Aucunement. Personne n'est dupe. et surtout pas les ivoiriens et les ivoiriennes conscients de la grande farce diabolique que ces deux accolytes d'hier ont joué devant nos yeux horrifiés de tant d'inpudeur verbale , de tant de stratégies enfarinées et enfarinantes... Ils savent ... la fin approche, inéluctable .
Je lance un appel : On change et on avance...Pfr Tiburce, Merci !