lundi 17 mars 2008

Présidentielle 2008 ( ?) (8): La sécession gbagboïste (2)- névrose de la régence

Voilà campé le personnage de Gbagbo. Il est prêt à tout céder (son parti, une part des richesses de la Côte d’Ivoire, ses convictions idéologiques) pourvu qu’on lui laisse le titre de président de la République, et qu’il soit le chef d’un Etat. Même si on venait à tout lui arracher et qu’on ne lui laissait que Cocody qu’on décréterait « Etat » placé sous son contrôle, il accepterait. Rappelez-vous la promptitude avec laquelle, à Kléber, il a accepté que l’on donne les ministères de la Défense et de la Sécurité aux rebelles (inouï !) et cela, contre l’avis de Konan Bédié qui avait refusé énergiquement cette concession, qu’il estimait « trop large », faite à ceux qui avaient pris les armes contre le pays. Gbagbo était prêt à tout céder aux rebelles, à Kléber, sauf le titre de président de la République. On nous a dit après, que, s’il n’avait pas fait cela, les Blancs l’auraient tué. Je réponds : et alors ? Le courage ne consistait-il pas, justement, à braver la mort et à dire « Merde » à ces Blancs qui voulaient nous imposer des rebelles au sein du gouvernement légal ? Un pouvoir que nous autres, défendions alors ici, avec acharnement et conviction, au prix de notre vie — cette crise aurait pu tourner à l’avantage des rebelles. Notre Soundjata de chef : un gros peureux donc qui mouille devant de petits Blancs !!! Une honte pour l’Afrique !

Bref, Gbagbo aime le pouvoir. Une des raisons fondamentales de son refus de continuer à travailler avec Charles Konan Banny se trouve là : il suspectait ce dernier (qui est loin d’être le naïf et inoffensif qu’on croit) de convoiter le fauteuil présidentiel et de conspirer contre lui. Et, stratège affirmé, il s’est dit ceci : si je laisse cet homme réussir sa mission (et Banny était sur la voie de réussir sa mission), c’est lui que les Ivoiriens voudront, logiquement, prendre comme futur président ; et je perdrai le pouvoir.

Le pouvoir ! Ce à quoi Soro, les cheveux encore noirs, le menton encore lisse, ne peut prétendre pour le moment – il n’en a pas l’âge. Les billets de la BCEAO suffisent, pour l’heure, à le rendre heureux ! Ces billets acquis par pillage des agences BCEAO de Bouaké, de Korhogo et de Man ; ces billets acquis par pillage des richesses de notre pays et vendues au Burkina-Faso ; ces billets acquis par spoliation des populations que les rebelles ivoiriens ont soumises par les armes ; mais aussi et enfin, des billets acquis légalement dans l’administration buissonnière de hauts postes ministériels, grassement payés. Sans fournir aucun travail. Merveilleuse Côte d’Ivoire ! Qui a dit que ce pays n’était pas béni de Dieu ? Moi seul, certainement ! Je devais être fou en ce temps-là !

Mais pourquoi donc, après le vacarme de la fameuse « Flamme de la paix » qui célébrait le mariage touchant entre Gbagbo et Soro, nos populations continuent-elles de vivre sous le joug des armes de la rébellion ? Pourquoi ne désarment-ils pas ? Que signifie cette ‘‘paix armée ?’’ Et pourquoi Laurent Gbagbo n’exerce-t-il plus aucune pression réelle sur ces gens pour qu’ils libèrent nos populations du Nord, du Centre et de l’Ouest fatiguées de subir les outrages de ces voyous ? Et pourquoi le RHDP n’encourage-t-il pas au désarmement ? On le voit : le non désarmement arrange tous ces busines men de la politique. Le PDCI, le RDR, les refondateurs, le MPCI.

Quel est, au bout du compte, le tableau socio politique qui est laissé aux Ivoiriens ? Rien, rien d’autres que trois évidences désolantes qui devraient pouvoir nous alarmer :

1 - Une rébellion (ou ce qu’il en reste) qui a achevé de nous convaincre de qu’elle n’était porteuse d’aucun idéal sérieux ! Soro Guillaume nous a suffisamment fait étalage de ses limites intellectuelles et politiques dans la lecture d’une rébellion comme celle-là qui a commis l’erreur de faire de lui, son porte-parole. Qu’il n’ait pas la foi sacrificielle et bellement suicidaire du Che, n’est pas le moindre de ses crimes ; il n’as pas, surtout, l’âme d’un rêveur ni l’étoffe d’un utopiste : il ne peut incarner aucun idéal sérieux. C’est un ‘‘petit’’ homme du monde, fait pour se contenter de plaisirs et d’honneurs terrestres, car aucun vrai révolutionnaire ne monnaie sa révolution pour un poste administratif. Jamais !

2 - Un régime qui nous a aussi suffisamment donné la preuve de son incapacité à sortir le pays de l’impasse dans laquelle nous végétons lamentablement, excepté les refondateurs et leurs soutiens, ainsi que les ministres du RHDP et quelques rebelles devenus gras. Le Pr Sidick a bien perçu la grave lacune que traîne sur lui, comme un manteau de Nessus, ce pouvoir délinquant et ses affidés : « Prenant conscience de la faiblesse de son armée et n’ayant pas pu convaincre les autres pays à livrer la guerre pour tuer son propre peuple qu’il dit aimer et pour lequel il dit gouverner, il (Gbagbo) découvre que son trône est en danger. Comme la reine Pokou devant le fleuve, Gbagbo doit faire un sacrifice s’il veut sauver son pouvoir. Gbagbo sacrifie (alors) son Premier ministre et partage la dépouille de son gouvernement. Il décide comme mesure d’accompagnement de laisser les pontes du FPI piller en toute impunité l’économie nationale. Gbagbo ouvre officiellement et légalise la prédation en Côte d’Ivoire XXXX ». On le voit : c’est un régime vampirique et dangereux pour la santé du pays, que nous abritons de nos complaisances. Il faut donc faire partir ce régime, par tous les moyens démocratiques.

3 – Enfin, une opposition, conduite par Bédié, Ouattara, Wodié, Anaky et Mabri Toikeuse, et incarnée par les deux premiers cités, qui a besoin qu’on la débarrasse de cette mission apparemment trop compliquée pour elle, ou trop lourde pour les épaules, fatiguées, de Bédié et de Ouattara. Non, notre opposition ne vaut, politiquement, rien. Elle n’effraie nullement Gbagbo qui s’en amuse d’ailleurs, encourage et entretien même l’état végétatif dans lequel elle est en ce moment, en attendant de lui asséner, traîtreusement, le coup fatal.

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