samedi 29 mars 2008

Le filleul de chefs d’Etat dépassés

REACTION DE TIBURCE KOFFI A L’INTERVIEW DE SORO GUILLAUME (4)

M. Soro décline dans cette interview, l’affection et l’amour que des chefs d’Etat africains éprouvent pour lui. Pour peu, il fondrait en larmes et on exulterait avec lui. Il dépeint ainsi le Président Blaise Compaoré sous les traits d’ « un patriote africain » (qu’est-ce que cela signifie ?) « qui a une véritable vision de l’avenir ! » Je ne sais pas s’il est possible (à part chez les géomanciens) d’avoir une ‘‘vision du passé’’, et à quoi cela correspondrait. M. Soro nous dit aussi sa fierté de compter au nombre des filleuls bien-aimés du Président Bongo. Ecoutez-le nous en parler sur des notes attendrissantes qui feraient pleurer de repentir, plus d’un opposant gabonais : « Il faut approcher Omar Bongo pour saisir toute sa dimension (…) Il n’a rien à voir avec la caricature que les journaux occidentaux font de lui (…) Il s’est pris d’affection pour moi et me traite comme son propre fils. Je me réjouis de cette relation. »

Demandons tout simplement à M. Soro s’il est sûr que le gentil Président Bongo se prendrait d’affection pour un jeune gabonais qui déclencherait une rébellion armée contre l’institution présidentielle gabonaise ? J’en doute. Tout comme je doute fort que le Président Bongo puisse présenter Soro à la jeunesse gabonaise comme exemple de jeune à imiter ! Je suis même certain que le M. Bongo a pris soin d’expliquer aux leaders d’associations de jeunes de son pays, qu’il ne faut surtout pas suivre l’exemple de ce garçon (Soro) qui a divisé son pays en deux et en a retardé la marche !!!

Ecoutez-moi, monsieur Guillaume Soro Kigbafory : du haut de mon droit et devoir d’aîné et d’enseignant (parce que je suis votre aîné et votre professeur), je vous le dis fort et sans aucun tremblement de la plume : « Vous êtes naïf ! »… comme dirait l’autre que vous avez… banni ! Si tous ces gens (Bongo, Compaoré, Wade, Biya…), vous aiment, c’est peut-être parce que vous avez créé des problèmes à votre pays la Côte d’Ivoire, dont ils jalousaient, tous, la réussite économique et la stabilité. Grâce à vous, ils peuvent, enfin, eux aussi, rêver de grandeurs, ou au moins, espérer réduire le fossé qui séparait la Côte d’Ivoire d’eux. Grâce à vous, la Côte d’Ivoire est sur le point de perdre le leadership dans la sous région. Votre rébellion les arrange, peut-être… peut-être.

Une chose est certaine : aucun d’entre ces chefs d’Etat qui vous vouent aujourd’hui amour et affection, ne souhaiterait avoir dans son pays, un jeune qui suivrait votre exemple ; parce qu’en réalité, à leurs yeux, vous n’êtes pas un exemple particulièrement bon à enseigner aux jeunes. Vous n’êtes bon à leurs yeux que parce que vous entamez le prestige d’un pays qu’ils jalousaient peut-être, mais surtout parce que vous détestiez/détestez Gbagbo… qu’ils détestent, eux aussi. Et vous savez, moi, de même, pourquoi ils le détestent/détestaient : parce qu’au départ, Gbagbo n’avait pas voulu être comme eux. Oui, je peux en témoigner : je fus un de ses conseillers et un de ses proches. C’était du temps de ‘‘mon’’ bon Gbagbo, le Gbagbo que j’avais aimé et suivi. A présent, c’est réglé : Gbagbo a décidé d’être comme eux ; c’est-à-dire, être un prédateur de son pays, un facilitateur de détournements de deniers publics, d’enrichissements illicites, un partenaire idéal pour le vampirisme des ultra libéraux qui pillent et ravagent le continent africain pour asseoir et entretenir les empires financiers et les paradis fiscaux qui infectent la surface du monde ; bref, un bon serviteur tropical de la bourgeoisie comprador. Pis : un roi nègre… comme tous les autres. Un bon roi nègre, avec le goût farfelu du luxe, la propension à l’amusaille, la fragilité face à l’argent et aux compromissions faciles, le culte de la personnalité, la tentation de l’autocratie – les présidents nègres, tout bon président nègre qui se respecte, est un autocrate affirmé et… aimé par son peuple !

Voilà, cher cadet, vos modèles. A votre âge biologique : 36 ans ! L’enseignant et l’aîné que je suis, peuvent vous le redire d’autorité : vous vous êtes égaré, jeune homme ».

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