samedi 29 mars 2008

L’action de la rébellion

REACTION DE TIBURCE KOFFI A L’INTERVIEW DE SORO GUILLAUME (3)

1. Violations de droits de l’homme
Interpellé par le journaliste sur ces violations des droits de l’homme par les rebelles, M. Soro dit ceci : « Je regrette la façon sommaire dont ces organismes travaillent : la rébellion ivoirienne n’a jamais coupé de bras, ni violé, ni creusé des charniers ». Pour peu, M. Soro nous dirait que la rébellion n’a jamais tué ! Comme c’est triste !

Allons, nous faudrait-il dispenser des cours de morale à notre Premier ministre pour qu’il sache que tuer des civiles désarmés est un acte de violation des droits de l’homme ? Et que cela justifie une interpellation de la part de l’ONU et des organismes humanitaires ? Les Escadrons de la mort, tout aussi dénoncés par L’ONU, n’ont jamais non plus, violé, ni coupé de bras. Leurs crimes sont-ils moins des crimes ?

M. Soro doit faire l’effort de comprendre que l’inacceptabilité d’un crime n’est pas fonction du bras, de l’oreille ou des testicules de la victime que le criminel a laissé (s) intact/s/ (sans doute pour d’insolites raisons esthétiques), mais du principe même du crime ; c’est-à-dire l’acte de tuer un homme, d’ôter (pour quelque raison que ce soit) la vie à notre semblable. C’est un acte prohibé par toutes les cultures du monde, du plus lointain de notre Humanité naissante aux âges avancés d’éclaircie morale. Malgré nos égarements actuels, nous Ivoiriens, sommes, après tout, des gens civilisés, bons et gentils ; nous n’avons pas de tradition de crimes. Cette guerre est un malheur qui nous est arrivé, et nous devrions en être gêné. Nous n’avons pas à chercher à justifier des tueries, ni à établir une hiérarchie esthétique dans les manières de tuer. Bon Dieu ! Ce pays a tout de même des intellectuels, des gardiens de l’éthique millénaire des peuples ! Et nous ne saurions tolérer outre mesure que notre Premier ministre tienne des propos aussi gauches et indécents pour la morale, que ceux qu’il a tenus à Jeune Afrique à propos de ses tueries, et qui sont diffusés dans le monde entier. C’est une honte pour mon pays. Non, M. Soro, il s’agit de la Côte d’Ivoire, tout de même !!!

2. Exactions dénoncées par Humain Right Watch et le Haut Commissariat de l’ONU.
Et puis, en réalité, les viols de la rébellion ne se content plus : les dépositions des rescapées de l’enfer de Bouaké, Béoumi, Sakassou, Monoko Zohi, Guitrozon, etc., et des contrées saccagées et soumises par la rébellion, sont encore dans nos mémoires. Nous les avons entendues à l’Assemblée nationale, et en direct. Peut-être que M. Soro ignore l’existence de ces documents audiovisuels qui font partie des archives de la rébellion ; archives qu’il tenait à détruire en cherchant à tous les prix à gérer le ministère de la Communication et à placer ses hommes à la tête des medias d’Etat… pour falsifier notre histoire. Peine perdue ! Ces documents ont été bien conservés. Et nous sommes un certain nombre de (vrais) patriotes ivoiriens, hier membres du ‘‘bois sacré’’, à savoir où ils se trouvent. Les témoins des supplices endurés ne les ignorent pas, les Ivoiriens des zones libres, non plus ; les victimes de ces cas de viols, encore moins.

La rébellion du Nord a fait aussi des charniers – c’est connu. Il est vrai que M. Soro appelle cela « fosse commune » ; mais nous ne sommes pas obligés d’admettre cette nuance macabre, insalubre et suspecte qui veut altérer le crime, et qui offense la mémoire des corps suppliciés. Quoi ! Ces hommes qui sont morts, étouffés dans un conteneur surchauffé sous un soleil canaille de Korhogo, ces gendarmes désarmés et exécutés lâchement et froidement à Bouaké, puis enterrés dans une fosse commune, tous ces cauchemars de notre septembre noir de 2002, relèvent-t-il d’une banale esthétique fictionnelle ? Non, M. Soro, non !

M. Guillaume Soro peut chercher à se faire une nouvelle virginité (si tant est qu’il ait jamais été vierge !) en abusant de la générosité complaisante des simples d’esprit, mais pas de la vigilance de ma mémoire, ni de celle des Ivoiriens lucides et sérieux. Je l’invite donc à observer un peu de décence sur ces questions hautement éthiques et humanitaires. Car les propos qu’il y émet heurtent sérieusement ma sensibilité d’intellectuel et offensent le double humanisme chrétien et bossoniste (animiste si vous préférez) qui fondent mon éducation.

3. Pillage des mines de diamant de Séguéla, rapports avec des chefs d’Etat africains

J’avoue qu’ici, M. Soro m’a sidéré dans la réponse qu’il a donnée au journaliste. Lisez-la : « Le diamant a toujours été exploité par la population et par des trafiquants. Bien avant la crise. J’ai dit aux Forces impartiales que je suis prêt à faire surveiller cette mine si elles me le demandent ».

Si je comprends bien, M. le Premier ministre de la République indépendante et souveraine de Côte d’Ivoire, attend des Forces impartiales, qu’elles lui disent de prendre des mesures pour faire arrêter le pillage des richesses du pays qui est placé sous sa primature ! Question : sont-ce les Forces impartiales qui ont demandé aux rebelles de piller le diamant ivoirien pour le vendre au Burkina et au Mali ?

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