lundi 17 mars 2008

Présidentielle 2008 ( ?) (10): la hantise de l’avenir (1)

Les refondateurs savent au fond d’eux-mêmes, qu’ils ont démérité et trahi les espoirs et la confiance des Ivoiriens. Ils savent que, fini ce présent mandat, les Ivoiriens, désabusés et fatigués de leur règne impudique et improductif sur la cité, ne leur redonneront plus (ou pas de sitôt en tout cas) aucune occasion d’exercer leurs talents de destructeur en Côte d’Ivoire. Ils savent que la refondation n’a plus d’avenir dans ce pays. C’est pourquoi ils cherchent à se convertir en houphouétistes, se mêlant même de disputer l’houphouétisme aux promoteurs du néo houphouétisme. Mais les refondateurs savent surtout qu’une victoire de l’opposition serait le prélude à la naissance de la troisième République à laquelle les vrais patriotes de ce pays s’attèlent. Et elle verra le jour, cette troisième République. Elle verra et DOIT voir le jour, afin de nous faire oublier les violences improductives de la deuxième qui aura été la République du tourment et de la honte. Elle verra le jour, à l’issue d’un nécessaire toilettage de notre Constitution. Ce toilettage devra se faire au cours d’une vraie Transition (civile ou militaire ou civilo-militaire – qu’importe) que devront diriger les (vraies) Forces patriotiques.

Ce sera alors le temps de l’INVENTAIRE : inventaire du pillage, inventaire des crimes, inventaire des insuffisances, inventaire des mensonges républicains et patriotiques, inventaire du désastre. Car la refondation aura été une calamité sur la tête et le dos des Ivoiriens : un règne absurde et intolérable. Il nous faudra donc instaurer cette tradition de l’inventaire afin que les futurs dirigeants sachent ce qui les attend à la fin de leur règne et même, pourquoi pas, durant leur règne.


C’est pour n’avoir pas cultivé cette tradition, que nos peuples continuent de subir les ‘‘mal gouvernances’’ des tropiques qui se succèdent en traînant, toutes, les mêmes tares, les mêmes insuffisances… comme si tout cela était une belle malédiction à conserver jalousement ! Ecoutons ainsi Laurent Gbagbo donner la réponse à une question à lui posée par un journaliste, sur radio Onuci FM, sur la corruption de la Justice dans notre pays : « Mais vous venez d’arriver ici ou bien quoi ? Parce que notre justice là, il y a longtemps qu’elle est comme ça, avant même que je ne sois président » - quotidien Soir Info, du 07 mars 2008. A peine croyable !

Observez la faiblesse navrante du niveau de langue, la pauvreté de l’analyse. Pour un chef d’Etat ! Mais surtout, de la part d’un universitaire ! Désolant ! Houphouët (qui se réclamait de la paysannerie) nous avait habitués à mieux que cela, voyons ! Allons, répondons donc au roi : « Mais, Nanan Gbagbo, o toi grand roi, n’était-ce pas pour mettre fin à tout cela que tu avais sollicité notre suffrage ? N’était-ce pas pour ‘‘diriger autrement’’ que tu avais dénoncé, sous les autres régimes, ces maux dont nous souffrions alors ? Or donc, sa Majesté, vous nous sollicitâtes et obtîntes notre suffrage, pour reconduire et entretenir cette corruption au profit de votre régime et au détriment du peuple ? Mais grand roi, quand tu as fini de reconnaître, toi-même, que notre justice est corrompue, qu’attend-tu pour ordonnancer la libération du jeune Assalé qui croupit depuis près de trois mois en prison à la Maca, pour avoir dénoncé cette même corruption ? »…

Parlez des maux de notre société à un refondateur ; il vous répondra, le regard fiévreux : « Mais ces choses-là existaient avant nous. Ce n’est pas Gbagbo qui les a inventées. » Et il se sentira satisfait d’avoir dit cela ! Qui changera donc les choses ? Pas les refondateurs en tout cas. Et c’est pourquoi la III e République devra être celle de l’inventaire.

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