jeudi 20 mars 2008

Crise ivoirienne (4) : Accord de Ouaga, redéploiement - Les contre vérités et inélégances de Gbagbo : L'obsession de guerre

« Nous avons signé l’Accord de Ouagadougou le 4 mars 2007. Entre le 4 mars 2007 et aujourd’hui, il y a un an. Chers amis, regardez vous-mêmes, faites le point. Avant, on parlait de guerre; aujourd’hui, on parle d’élections. C’est un progrès immense »…

M. Gbagbo se moque vraiment des Ivoiriens ! « Avant, on parlait de guerre ; aujourd’hui, on parlait d’élections ! », nous dit-il. Comme c’est faux, tout cela. Qui parlait de guerre avant ? La rébellion a tourné officiellement le dos à la guerre depuis le 04 juillet 2003 ; et depuis, cette date, elle n’a déclenché aucune offensive armée. Il n’y avait que Gbagbo et les refondateurs qui voulaient à tous les prix faire la guerre. Ce à quoi je me suis insurgé et qui m’avait emmené à écrire l’article « Penser et rêver la Côte d’Ivoire » (Juin 2004, in L’Intelligent d’Abidjan et Le Nouveau Réveil) ; article dans lequel, je dénonçais cette obsession de la guerre (que je ne comprenais pas alors) qui habitait l’esprit des refondateurs.

C’est M. Gbagbo qui a fait déclencher l’offensive armée de novembre 2004 sur Bouaké ; et cela, sans que la rébellion n’ait posé quelque acte de rupture du cessez-le feu et, mieux, dans un contexte de pourparlers qui étaient très avancés, en vue du désarmement. Le Premier ministre Seydou Diarra avait obtenu un accord de désarmement, et le premier dépôt des armes avait été fixé dans la région de Bouna, je crois. Pour briser ce processus, Gbagbo a déclenché, contre toute attente, l’offensive aérienne sur Bouaké ; alors que, 48 heures avant cette attaque, il déclarait à la une d’un numéro de Fraternité Matin : « La guerre ne fait pas partie de mes options ». On sait comment s’est terminée cette odyssée militaire. Dans un pays normal où il existe une opinion civile, la société civile aurait réclamé la démission de cet homme qui avait donc menti au peuple !

Oui, j’affirme que, depuis novembre 2004, plus aucun coup de fusil n’a été échangé entre les FANCI et les rebelles. C’est dans cette atmosphère de décrispation, propice à la discussion, que M. Bédié s’était réconcilié avec M. Alassane Ouattara ; réconciliation qui avait d’ailleurs provoqué la colère de M. L.-Dona Fologo et des faucons de la refondation, qui avaient taxé M. Bédié de traître à la République et à la Nation, estimant que cette réconciliation se faisait contre quelqu’un. Contre qui alors s’est faite la réconciliation entre Gbagbo et Blaise Compaoré, et entre Gbagbo et Soro ?

En octobre 2005, c’est M. Gbagbo qui incitait l’opposition à aller à l’élection présidentielle. Cette obsession de l’élection (que je ne partageais pas) m’avait d’ailleurs emmené à écrire (encore) un long article (comme j’en ai l’habitude) intitulé « Octobre 2005, la redoutable échéance », où je montrais que l’essentiel n’était pas d’aller aux élections, mais de régler d’abord les problèmes principiels qui nous avaient conduits à la déchirure. Dans cet article, je me suis aussi insurgé contre ceux qui avaient blâmé la réconciliation Bédié-Ouattara. Et j’avais souhaité que M. Gbagbo tende la main à la rébellion, et qu’il tende aussi la main à M. Ouattara. J’avais alors été conspué par les journaux bleus des refondateurs.

C’est donc dans un climat d’arrêt total de la belligérance obtenu sous M. Seydou Diarra, que M. Charles Konan Banny a pris fonction en décembre 2005 en tant que Premier ministre. Durant les 15 mois de la Primature de M. Banny, il n y a eu, non plus, aucun acte de belligérance armée entre les FANCI et les rebelles : la guerre était donc finie, bel et bien finie. Depuis longtemps. Avant, bien avant l’accord de Ouaga — qui n’est intervenu qu’en 2007.

Alors, pourquoi M. Gbagbo veut-il nous faire croire que c’est lui qui avait compris qu’il fallait tendre la main à l’ennemi pour qu’on ait la paix ? Il a bien été plutôt celui qui a retardé le processus de paix. S’il nous avait écouté, s’il avait fait ce que les bons pensants d’ici et la Communauté internationale lui avaient demandé de faire, la Côte en serait peut-être aujourd’hui à préparer, après la tornade de septembre 2002, la seconde élection, conformément aux délais constitutionnels.

Je suis donc étonné qu’on veuille nous faire croire que c’est l’accord de Ouaga qui a ramené la paix ; une paix qui fut déjà obtenue depuis Lomé (le cessez-le feu) ; une paix renforcée par Marcoussis ; une paix régulièrement rompue par M. Gbagbo et ses refondateurs décidés à faire la guerre ; une paix maintenue par M. Seydou Diarra ; une paix confirmée par M. Charles Konan Banny sous le règne duquel le retour des fonctionnaires dans les zones sous occupées s’était effectué, prolongeant ainsi l’action de M. Seydou Diarra ; car c’est bel et bien sous la primature de M. Diarra que le mouvement de rétablissement de l’administration étatique dans les zones occupées a commencé. Et M. Gbagbo veut aujourd’hui nous faire croire que tout cela n’a pas eu lieu ; et que c’est lui et Soro qui sont à la source de ces avancées considérables dans la recherche de solutions à la crise ivoirienne. Ceci s’appelle une imposture. De la récupération. Ce n’est pas vrai. Ivoiriens, on vous ment, une fois de plus. Arrêtons ce jeu mesquin et malsain.

0 commentaires: