lundi 17 mars 2008

Présidentielle 2008 ( ?) (13) : Rester digne

Et ce sont ces gens-là que d’illustres personnalités politiques d’hier, de notre pays, veulent soutenir. Danielle-Boni Claverie, Martine Djibo, Laurent-Dona Fologo et autres. Libre à ces personnalités de vouloir prendre le risque de salir l’honorabilité de leurs noms dans cette sale affaire. Je voudrais tout simplement leur dire ceci, en connaissance de cause : les récriminations que avez pu avoir contre des dirigeants de votre parti ne doivent pas vous emmener à aller soutenir l’adversaire farouche d’hier qui est à la base de vos déconvenues. Ne mêlez pas vos noms aux crimes que ces gens vont commettre, sinon, vous allez vous retrouver, tous, devant le TPI. Réfléchissez-y, à plusieurs reprises, avant d’aller soutenir ce régime d’assassins. Le TPI ne plaisante pas — il l’a déjà montré. Sachez demeurer ou sortir de l’histoire, dans l’honneur et la dignité des noms que vous portez. Vous n’êtes plus à un âge où on recommence la vie…

Celui qui vous dit ces choses n’est pas un militant de votre ex parti ; il a même combattu votre parti dans le passé ; et il n’hésitera sans doute pas à le combattre de nouveau, demain, quand ce parti reviendra au pouvoir. Parce que tout simplement, je m’accommode mal de la cohabitation avec les vainqueurs. C’est vrai, ça m’ennuie d’être longtemps en compagnie de ceux qui ont gagné. Parce que cela me paraît trop facile ! Oui, je vous ai critiqués hier, et j’estime avoir bien fait : vous n’étiez plus des gens sérieux, et l’habitude d’être au pouvoir vous avait rendus impolis, prétentieux, hostiles à la critique et à la remise en cause. Mais je me dois de reconnaître, qu’à la comparaison (et tous les Ivoiriens le réalisent aujourd’hui), votre ex parti, le PDCI et son président Félix Houphouët-Boigny, ont fait du bon travail : vous avez vraiment construit la Côte d’Ivoire. Et chaque jour, nous découvrons l’étendue du travail que vous avez abattu : ces autoroutes, ces immeubles, ces quartiers, ces écoles, ces hôpitaux, la SIR, Yamoussoukro, ces immenses plantations, ces Instituts de recherches agronomiques, ces restes de jardins agonisants, ces forêts classées, ces cours d’eau, toutes ces réalisations (dont nous nous montrons incapables d’en assurer la maintenance), ces cadres compétents et performants, etc., sont le produit palpable, visuel et indiscutable de votre travail...


Comme de nombreux enseignants prétendus hommes de gauche, de ma génération, je vous avais combattus, persuadé qu’arrivés au pouvoir, nous ferions mieux que vous. Non, nous n’avons pas fait mieux que vous ; nous n’avons même pas fait autant que vous. Certes, vous n’avez pas été plus propres que les refondateurs dans la gestion des biens publics — lacune de tous les régimes nègres; mais vous au moins, vous avez laissé quelque chose ; vous avez construit un pays. Eux, ne laissent rien et ne laisseront rien d’autre que le souvenir pénible des crapuleux crimes économiques et humanitaires qu’ils ont commis. Vous ne pouvez pas, aujourd’hui, renier tout cela en allant vous jeter dans les bras d’un ersatz politique qui n’a ni l’auréole historique, ni le bilan ni les compétences que vous avez. Un peu de hauteur !


Ce qui est arrivé à ce pays depuis les premiers jours de cet énigmatique coup d’Etat de décembre 1999 jusqu’aujourd’hui, est grave ; de la gravité des faits décisifs qui réorientent la trajectoire historique d’un pays. Je n’ai eu de cesse de l’écrire : trop de sang a été versé sur la terre ivoire. Par la faute et les mains de ces gens qui sont aujourd’hui au pouvoir. Trop de paroles mauvaises ont été proférées. Par la faute et la bouche de nombre d’entre nous qui avions manqué alors de sagesse et de self control. La mémoire du sang est tenace. La terre offensée de ce pays réclame et exige réparation des fautes : le sang de ceux qui ont été lâchement abattus durant les jours mauvais de cette sale crise certes, mais aussi le sang du Guébié répandu sous Houphouët. La fixation qu’on fait sur les élections me paraît donc et une fois de plus, nous détourner de l’essentiel et de l’utile. EXORCISONS d’abord la malédiction qui pèse sur nos têtes. Ce pays et ses dirigeants ont péché. Il faut qu’ils posent l’acte de repentir, avant toute chose.

Les élections, les élections ! Aller aux élections, d’accord ; mais avec qui ? Comment ? Dans quel état d’esprit ? Avec quels candidats ? Les mêmes acteurs majeurs de ce mauvais drame qui paralyse le pays depuis des années ? Les mêmes Gbagbo, Bédié, Alassane et Tia Koné ? Lequel d’entre ces candidats est prêt à accepter la victoire de l’autre ? Que faire aussi, de ces personnalités tempétueuses ?...

Il y a pourtant une réponse à ces questions. Une réponse… efficace. Demandez à nos sociologues et aux savants de nos villages, comment, dans nos sociétés anciennes, on faisait ‘‘partir’’ les rois et les princes gênants. Je suis sûr que la recette existe. Nos sociétés modernes la connaissent. Fidel Castro et ses compagnons de la Sierra maestra l’ont appliquée ; Jerry Rawlings l’a appliquée ; Thomas Sankara, de même. Ce qui manque à notre pays, ce sont des gens (vraiment) courageux, prêts au sacrifice de leurs vies pour la Côte d’Ivoire : des samouraïs de l'utopie nationale. Je ne désespère pas d’en trouver. Il aura tout mon soutien et, je peux le rassurer, celui du peuple de Côte d’Ivoire. Car ce peuple est fatigué de ces dirigeants impossibles et improductifs.


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Présidentielle 2008 ( ?) : comment désamorcer la bombe ?

  1. Les moyens d’action de l’opposition
  2. Les hommes solution
  3. Appel à la Communauté internationale

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